9.7.11

Amarillo / Glenrio - 12 juillet



Deux lieux sont incontournables à visiter à Amarillo: le magasin Boots & jeans et Cadillac Ranch. Trouver le premier sera sans problème avec le GPS. En revanche, pour le second, ce sera une autre paire de manches.




Le magasin en question est un peu cher. Nous y trouvons une paire de bottes pour Gaston, et moi, des tong pseudo-indiennes.
Avant de quitter la ville, nous voulons visiter le musée indien situé à l'entrée de la ville et parcourons plusieurs miles en sens inverse avant de trouver porte close. Le guide du Petit Futé ne mentionne pas les jours de fermeture. Too bad. Gaston est déçu, forcément, puisqu'on lui en parle depuis la veille, et Annette nous tanne pour que nous allions dans un Mc Do (!). 



On retraverse la ville de l'Est vers l'Ouest et faisons une halte au troisième magasin Harley Davidson depuis le début de notre voyage, pour faire plaisir à Pierre. La gamme de vêtements est aussi large que celle des prix. Gaston joue à cache-cache dans les rayonnages, fraternise avec le vigile. Nous reprenons le volant. Annette a déjà le ventre qui gargouille (elle ne mange rien au petit dèj, normal) lorsqu'elle avise au loin l'enseigne prometteuse d'un Burger King. On est toujours à Amarillo et là, franchement, ma famille me casse les pieds. Après une halte hamburger, nous retournons dans la voiture, climatisation à fond. Soudain, Gaston renverse sa boisson sur la banquette. Arrêt nettoyage. Je fulmine. Stoïque, Pierre aperçoit l'enseigne d'un hypermarché Target - "Et si on allait voir un vendeur pour qu'il nous explique comment faire fonctionner le portable qu'on a acheté à Bloomington? " Je m'y colle. Ca y est. Le vendeur, un jeune homme compréhensif m'aide à activer le téléphone. Nous pouvons enfin joindre quelqu'un et être joints sans que cela nous coûte une fortune.
Nous partons à la recherche de Cadillac Ranch
Petit coup de barre, je somnole un peu sur la route, quand je réalise que nous avons laissé Amarillo depuis longtemps derrière nous. Pierre, qui conduit le regard rivé à la route, figé dans une posture de chauffeur routier n'a pas vu sur sa gauche l'alignement des Cadillacs, plantées dans le sol. Il a même dépassé ce lieu culte depuis belle lurette. Nous allons revenir plusieurs fois sur nos pas, sans savoir exactement où se situe Cadillac Ranch: à gauche ou à droite de l'autoroute? Visible ou pas depuis la route?... Nous finissons pas tomber dessus après avoir interrogé plusieurs personnes et pas loin d'une heure de recherches - les enfants n'en peuvent plus. 





Cadillac Ranch n'est absolument pas signalé sur l'autoroute, et l'installation (conçue en 1974 pour un milliardaire texan par trois artistes du collectif Ant Farm) est totalement délabrée: les voitures sont couvertes de tags, laissées en désuétude. Le champ n'est qu'un terrain rougeoyant et aride. Les garçons restent dans la voiture, les filles vont faire quelques photos. Un vent brûlant projette du sable sur nos jambes, freinant notre hélant. Je retire mes tongs pour sentir sous mes pieds la peau de cette terre sèche et craquelée, rouge carmin. Des touristes chevauches les carcasses décharnées pour marquer leur passage sans égards. Nous fuyons, reprenons l'I-40 qui à cet endroit se confond avec l'ancien tracé de la 66.
Des tourbillons de sable se forment de chaque côté de la route. Nous passons devant un étonnant hôtel pour chevaux (à 200 mètres de Cadillac Ranch, côté gauche de l'I-40 en direction de Bushland). Pierre insiste pour qu'on le prenne en photo. "Tu mettras la photo sur ton blog avec un commentaire : Ici a dormi notre voiture et ses 40 CV."



De loin, les vieux poteaux électriques dans leur alignement d'origine évoquent les croix d'un cimetière que l'on aurait construit en enfilade le long de la route. La Mercury file vers un ciel assombri. Ces ciels noirs et menaçants m'inspireront la dernière partie du roman, lorsque Lola Lombard et ses enfants ses trouve en Californie...




Nous passons plusieurs villes fantômes (Bushland, Wildorado), vestiges de stations-services, cafés ou motels en ruine se cambrent sous les bourrasques.






Nous arrivons à Vega.
Le coin idéal pour casser sa pipe. Le Bonanza Motel (toujours en fonctionnement) m'inspire dans son aspect misérable, au milieu de silos à grains. Règne ici une odeur omniprésente de bétail.







Un type a imaginé là un petit musée personnel, Dot's Mini Museum. Une sorte de facteur Cheval qui aurait oublié de construire son palais idéal, trop occupé à amasser des tas de trucs dans sa ferme (armes, chapeaux, bottes, mobiliers, accessoires de voiture...). On se contente de prendre l'endroit en photo - petite frustration pour l'auteur que je suis: ce fermier n'est-il pas un personnage digne d'apparaître dans le roman? Faute de temps, parce que nous avons prévu encore pas mal de route aujourd'hui, nous laissons de côté ce décor qui ne figurera pas dans le livre...

A Adrian, pris en tenaille entre deux orages, un ciel anthracite forme presque une arche au-dessus de nous. je fais quelques photos (Annette fait plus au moins un break depuis Cadillac Ranch).








Le Mid point Cafe, étape emblématique de la route 66 est hélas fermé.





Un panneau nous signale que nous somme bien à la moitié de notre voyage jusqu'à Santa Monica, soit 1 139 miles ou 1 833 km, et qu'il en reste autant à parcourir. Le compteur de la voiture dit autre chose: avec les nombreux détours que nous avons fait et surtout notre périple dans chez nos amis restaurateurs dans l'Etat de New York, on peut bien ajouter 1000 km. 
Cette ville tombe en miette... comme la route...




Il faut rebroussé chemin après Glenrio (ville frontière avec le Nouveau-Mexique) car la route n'est plus praticable (vieille piste en gravier). Le paysage change radicalement. Plus montagneux, semi-désertique, c'est la fin des terres cultivées. Après les grandes plaines du Texas, le ciel ouvre largement ses bras sur des chaînes de montagnes, des mesas de grès érodées par le vent du désert.  
Nous allons passer au Nouveau-Mexique, la journée est loin d'être finie.



2 commentaires:

  1. S'exprimer en "bombant" les cadillacs est le but recherché de ce musée vivant qu'est Cadillac Ranch. Il y a toujours quelques bombes de peinture qui trainent au pied des véhicules. Elles n'attendent que le visiteur pour servir à créer "un souvenir" et à lutter contre la fuite du temps et sa rouille...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hello! Ce n'était sans doute pas le but premier de l'artiste, mais ça l'est devenu, effectivement. J'avoue avoir été surprise à l'époque de découvrir cette oeuvre ainsi transformée car j'avais en tête les images de l'oeuvre originale et cela m'a fait le même effet que si je découvrais des carcasses d'animaux morts... Mais vous avez parfaitement raison: ainsi "l'oeuvre respire encore", elle revient à la vie chaque jour par le geste de chacun, par cette appropriation artistique et touche à l'universalité. Merci pour votre commentaire!

      Supprimer